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Le besoin de reconnaissance.
- Par REGINE DRAIZE
- Le 26/06/2011
- Dans PSYCHO - EXISTENTIEL
DÉPENDANCE AFFECTIVE: LE BESOIN DE RECONNAISSANCE
Qu’est-ce qui vous pousse à vous plier en quatre pour tous, à vouloir être aimé de tous, à vous perdre dans les autres ? Pourquoi le jugement et la critique négatifs vous broient ? Pourquoi êtes-vous terrifié par le rejet ? Pourquoi souffrez-vous de la solitude, du manque d’attention de votre patron, de votre conjoint, de vos amis, de vos enfants ? Ce n’est pas par besoin d’affection : C’est parce que vous avez développé un besoin viscéral de reconnaissance. Je ne peux pas te donner de l’affection si je ne te vois pas ! Ca vous fait plaisir de recevoir un compliment sur votre attitude, votre travail, votre vie, ce qui est tout à fait légitime. Mais quand vous êtes prêt à n’importe quoi pour avoir cette reconnaissance, que c’est plus fort que vous et, surtout, que vous souffrez mille morts lorsque vous ne recevez pas en permanence cette reconnaissance : vous avez un problème.
Plus vous courez après, plus vous vous décarcassez pour en avoir, moins vous en avez. Et ce qui s’inscrit sur votre “site Internet subliminal” c’est : “Je ferai tout et n’importe quoi pour être reconnu, ne me rejetez pas !”. Vous attirez immanquablement des gens qui en profiteront mais ne vous reconnaîtront pas ou si peu, juste pour continuer à profiter de vous.
Vous donnez votre 100 % au travail parce que vous voulez impressionner votre patron et obtenir des compliments : vous allez droit au burnout. Faire bien ce pour quoi vous avez été engagé est suffisant : pourquoi vouloir y passer tout votre temps pour être repéré par le patron, non pas pour une augmentation, mais pour un compliment, une tape dans le dos, des félicitations ? Quand un patron vous donne un bon salaire et des augmentations, c’est suffisant pour comprendre que vous êtes reconnu pour votre travail, non ? Non ! Vous voulez aussi les compliments qui vont avec. Le pire étant que s’il se contente de vous dire que vous êtes bon, sans augmentation, ça peut vous suffire !
D’où vient ce besoin viscéral d’être reconnu ? Les parents nous doivent Reconnaissance + Affection + Protection. Pour aimer quelqu’un, prendre soin de lui, il faut le voir, le reconnaître. Quand vos parents, pris dans leurs propres névroses, ont oublié de vous aimer, de vous encourager, de vous complimenter, de vous encadrer, démontrant que vous existez pour eux, vous risquez de chercher cette reconnaissance toute votre vie.
J’ai entendu dire qu’à l’époque où les humains avaient le corps recouvert de poils, les bébés s’y accrochaient comme le font les bébés singes. Puis Cromagnon s’est transformé et a perdu cette pilosité à laquelle s’accrochaient les petits : il a donc fallu que le bébé trouve un autre moyen d’attirer l’attention de sa mère, étant donné qu’il ne pouvait plus s’y agripper: il a appris à sourire pour l’attendrir et l’attirer afin qu’elle s’occupe de lui. Car pour qu’une mère donne des soins à un enfant, il faut qu’elle le reconnaisse comme le sien ou, dans le cas de celles qui adoptent ou en font un métier, comme un enfant qui a besoin d’elles. C’est à la naissance que se crée le besoin de reconnaissance : l’enfant doit être reconnu par ses parents comme le leur, un membre du clan qu’ils vont aimer et protéger. Sinon, il sera rejeté et abandonné. Dans des orphelinats d’Europe de l’Est, des bébés se sont laissés mourir par manque d’attention : par carence en personnel, ils n’étaient que nourris, mais pas touchés ni dorlotés et restaient dans leur petit lit toute la journée, sans affection. Mais pour recevoir de l’affection, l’enfant doit être reconnu comme un être aimable que sa mère ou une autre personne a envie de chérir.
Nos parents nous doivent reconnaissance, affection et protection. La reconnaissance passe en première car l’enfant, encore une fois, doit être reconnu comme celui de son père et sa mère et comme faisant partie de la famille. Une fois reconnu, il pourra être aimé et les parents prendront soin de lui. D’ailleurs, la formule consacrée quand un enfant né est « il a été reconnu par son père ». Ce qui signifie que le père l’a accepté comme son enfant et qu’à partir de là, il est sensé lui apporter les soins qui s’imposent. La plus grande souffrance pour certains n’est-elle pas d’être de père et mère inconnus ? Ce qui signifie que les parents, la mère en l’occurrence, n’ont pas voulu vous reconnaître comme leur enfant. Vous vous demanderez toute votre vie pourquoi un homme et une femme ont décidé de vous abandonner : ne pas reconnaître que vous étiez leur enfant. Et même si vos parents vous ont élevé, il se peut qu’ils ne vous aient pas reconnus comme un enfant ayant besoin d’affection et de protection, mais comme un souffre-douleur, le symbole de leur vie ratée parce qu’ils ont été obligés de se marier : votre maman est tombée enceinte accidentellement. Ils seront des pourvoyeurs, mais pas des parents, incapables de vous donner reconnaissance, affection et protection, parce qu’ils ne vous ont pas désiré. Ou alors ils vous désirent, mais restent des pourvoyeurs uniquement parce que c’est ce qui leur a été enseigné.
Si je te reconnais comme mon enfant, automatiquement je te donne de l’affection et je prends soin de toi. Un père et une mère ont le fruit de leur amour entre les bras et ils le chérissent comme ils se chérissent entre eux, veillant à ce qu’il soit heureux et bien soigné. Ils l’aiment, le protègent et le cajolent parce qu’ils le reconnaissent comme leur enfant. Mais quand l’enfant est un accident et que ses parents se déchirent à longueur d’années parce que sans la grossesse, ils ne se seraient pas choisis pour époux, ce n’est plus le fruit de l’amour qui grandit, dont il faut prendre soin : c’est le résultat d’une étreinte qui est devenue une prison pour les deux protagonistes. Même quand les parents se sont mariés parce qu’ils se sont choisis, puis déchirés parce qu’incapables d’être heureux, les enfants ne seront que les soldats dont l’un des parents se servira contre l’autre, contrôlant les petits avec la culpabilité : « si tu aimais ta mère, tu ferais cela », « tu vas me faire mourir », « tu vois bien ce que ton père/ta mère me fait », etc.
Quand le père laisse la mère seule avec les enfants et part de longues périodes ou travaille tout le temps pour ne plus rentrer ou s’il rentre, plus personne ne doit faire de bruit ou exister pour ne pas le déranger ; quand la mère se sert de ses enfants pour aller chercher le père à la taverne et pour le ramener, qu’elle laisse ses enfants de côté dès qu’elle a un amant, qu’elle oublie de les nourrir parce qu’elle veut du plaisir, au milieu d’une vie de souffrance, reconnaissent-ils les enfants, comme des petits êtres à chérir, à protéger et dorloter ? Non, ils les considèrent comme des obstacles à leur propre vie, à leur liberté, à leurs plaisirs. Pourtant, fils et filles ne sont pas responsables, essaient de surnager dans une famille « dysfonctionnelle », font leur possible pour plaire à leur mère, à leur père pour être reconnus, avoir de l’attention, de l’affection, exister. L’enfant sent très tôt qu’il est une gène et il tente désespérément de se faire « adopter » par ses propres parents. Mais rien n’y fait : il reste une plaie, un échec, un outil, une arme qu’on utilise pour faire souffrir l’autre ou par se soulager. L’enfant subira les colères, la violence qui est, la plupart du temps, destiné au conjoint mais qu’on n’ose pas frapper. L’enfant paiera pour ce qu’a fait la mère ou le père, il subira tout pour être aimé, ne recevra que des coups et des violences verbales, mais aura au moins la sensation d’exister : pour vous maltraiter, il faut reconnaître que vous existez. Sinon, c’est l’ignorance qui est pire que le rejet.
Car un enfant qui a été frappé aura plus de chance de s’en sortir, s’il fait un coaching ou une thérapie, qu’un enfant qui a été nié. Car pour être frappé, il faut être vu, donc reconnu comme existant mais non comme enfant à choyer. L’enfant nié n’est ni vu, ni reconnu : il n’existe pas. Celui qui est frappé est vu et existe, même si le moyen de communication du parent est la violence. Les mêmes parents qui ont souvent vécu la même chose et répètent ce que leurs propres parents leur ont fait subir : la rancune, la colère, l’écœurement, l’échec, la déchéance. Un enfant a besoin d’une attention constante quand il vient de naître et il lui faut des parents présents et disponibles, heureux pour le rendre heureux. Déjà en déséquilibre, comment des parents pourraient-ils s’occuper affectueusement de leurs enfants ? Encore une fois, il faut être disponible et la souffrance ne permet pas la disponibilité. Si les parents sont entrés en guerre, ils prendront les enfants en otages, en chantage affectif et rendront leurs petits responsables de leur malheur, eux qui s’évertueront toute leur vie à faire de leur mieux pour les rendre heureux… vainement. Car les enfants ne peuvent en aucun cas être responsables des parents ni les rendre heureux. C’est dans l’autre sens que ça marche !
Pas reconnu dans l’enfance, pas reconnu en tant qu’adulte : c’est la suite logique. Et la reconnaissance dont vous avez tant manqué enfant va se muer en besoin insatiable de reconnaissance dans votre vie d’adulte. Vous ferez tout et n’importe quoi pour être reconnu comme un être aimable. Vous vous plierez en quatre pour un conjoint, de faux amis, de mauvais patrons qui profiteront tous de votre besoin de prouver que vous êtes quelqu’un de bien, qu’on peut aimer. Mais ces gens-là ne vous aiment pas : ils vous tondent la laine sur le dos ! Ou encore vous deviendrez une star dans un domaine professionnel pour obliger les autres à vous reconnaître : un performant qui n’a pour objectif que d’écraser les autres pour les obliger à vous regarder en levant le nez. Vous tomberez dans des travers divers et variés pour que les autres vous voient : ça se traduira par une brillante carrière professionnelle ou par le fait de faire la fête et d’offrir chaque soir de paie un verre à tous ceux qui sont dans le bar. Ce ne seront pas vos amis, mais des compagnons de beuverie ou de drogue, qui profiteront de votre besoin d’être reconnu pour se faire payer un coup ou plusieurs. Mais jamais ils ne diront « regarde comme il est généreux », ils diront « on va se faire payer un coup par l’autre idiot ».
Vous aurez besoin d’être reconnu comme quelqu’un de bien par le conjoint, comme un bon travaillant par votre patron, comme un ami généreux par des faux amis, comme un bon voisin qui ne dit jamais non et tout ça par besoin de reconnaissance. Parce que vos parents ne vous ont pas démontré que vous existez sans avoir à le prouver. Vous reconnaître vous-même vous libère du fait de vous faire reconnaître par les autres. Quand vos parents, au travers de leur affection et de leur protection vous ont montré que vous existez pour eux, vous existerez pour vous dans votre vie d’adulte. Vous n’aurez plus ce besoin incontrôlable d’être aimé de tous. Ce qui est d’ailleurs impossible. Vous vous aimerez vous, pour commencer, puis choisirez ce que vous aimerez, conjoint, amis, patrons, etc. Car le besoin de reconnaissance fait de votre vie un esclavage : vous êtes au service de gens qui se moquent bien de vous, comme vos parents se moquaient bien de vous également. Vous répétez ce que vous avez vécu, ce dont vos parents vous ont imprégné. Vous avez grandi esclave de vos parents, vous serez esclave de tous les gens que vous croiserez.
Le pire sera quand vous aurez tout fait pour quelqu’un, conjoint, amis, patrons, relations, et que l’autre ne vous reconnaîtra même pas et vous exploitera jusqu’au bout de ce que vous pouvez donner, pour vous rejeter dès que vous n’aurez plus rien à offrir. Vous souffrirez mille morts car « après tout ce que vous avez fait pour lui/elle », il ne vous a même pas aimé ou remercié ! Bien sûr que non puisqu’il était indiqué sur votre « site internet subliminal » : « prends-moi tout et ne me donne rien, j’ai l’habitude ! ». Vous n’attirerez que des vautours, des charognards de la pire espèce qui profiteront de vous, parce que vous êtes programmé pour vous faire dépouiller. Ou alors vous aurez vous-même pris tout ce que vous pouviez prendre, pour dominer les autres, pour donner des leçons, pour en prendre le contrôle, pris dans un tourbillon, en besoin d’oxygène, prêt à l’arracher aux autres. Jusqu’au jour où vous ouvrez les yeux et le bilan fait mal : vous avez été dans la performance, dans la domination puis dans l’esclavage, tout dépendant de votre passé et de votre histoire, mais vous aurez abouti au même point : ceux qui vous auront tout pris ou dont vous aurez tout pris seront partis et vous resterez seul. Plus vous aurez besoin d’être reconnu et quel que soit le moyen que vous emploierez, moins vous le serez. Parce que la seule personne qui peut vous reconnaître, c’est vous.
Vous reconnaître vous préserve des jugements négatifs, des critiques et des blessures que peuvent vous infliger la jalousie, les peurs et les frustrations des autres. Si vous savez que vous êtes quelqu’un de bien, personne ne pourra jamais vous faire croire le contraire, quels que soient ses commentaires. Personne ne sera en mesure de vous influencer sur l’opinion que vous avez de vous, personne ne vous déstabilisera, personne ne vous ébranlera. Vous reconnaissez vos forces et vos points à développer et quand vous vous regardez dans le miroir, c’est une bonne personne que vous voyez, qui a traversé des tempêtes, qui a fait ce qu’elle a pu pour en sortir et qui vivait selon de mauvaises programmations, qu’elle est en train de déprogrammer. Nous avons pratiquement tous vécu comme des animaux blessés, agressifs et prêts à bondir ou à se soumettre pour un peu d’attention. Pas d’attention sans reconnaissance.
Que fait une femme qui sort dans un bar, quand elle veut avoir l’attention,donc la reconnaissance qu’elle est belle, de la part des hommes? Elle découvre sa poitrine et ses jambes car elle pense qu’elle va attirer l’attention, mais en réalité, son attitude et sa façon de s’habiller, ainsi que ses artifices appellent au sexe ! Elle sera reconnue comme un objet sexuel et non comme une femme possédant de belles valeurs et ayant envie de discuter avec un homme courtois.
Nous avons tous utilisé les pires artifices vous se faire reconnaître du sexe opposé, de nos patrons, de nos clients, de nos amis, etc. Comment faire quand nos parents ne nous ont pas remarqués ? Nous allons mettre « le paquet » pour nous faire reconnaître dans nos vies d’adultes. Jamais de la bonne façon. Les femmes vont utiliser le sexe et les hommes les belles voitures, l’argent, le cliquant. Nous tombons tous dans les mêmes pièges, pour un peu de reconnaissance. Pensant qu’être reconnus, nous donnerons de l’affection. Mais nous ne faisons que nous faire reconnaître par les vautours en mal de proies qui sont faits pour dépouiller, par instinct de survie. Nous ne nous distinguons jamais de la bonne façon et jamais par les bonnes personnes. Parce que les bonnes personnes n’aimeront jamais notre façon de nous distinguer pour nous faire reconnaître, remarquer. Un homme équilibré affectivement n’ira pas vers une femme qui se comporte comme une femelle en chaleur et une femme équilibrée ne se laissera pas « acheter » par le clinquant d’un homme qui joue là-dessus pour séduire. Montrer ses seins ou son argent pour « piéger » est un procédé utilisant des artifices qui attirera des gens artificiels.
Ce besoin de reconnaissance peut être réglé au travers du développement de la confiance et l’estime, car enfin, ce que les parents n’ont pas été capables de nous donner, Reconnaissance, Affection et Protection, c’est à nous de nous le procurer, adulte. Nous ne sommes plus des enfants et si nos parents n’ont pas pu le donner quand nous en avions besoin, ils ne le pourront pas aujourd’hui, alors que nous sommes adultes. C’est à nous de prendre le relai et chaque fois que quelqu’un cherche à nier notre existence, par le rejet ou l’abandon, c’est juste de penser que cette personne a quelque chose à régler, comme vous l’aviez par le passé. Et si quelqu’un vous signifie que vous n’êtes pas la bonne personne pour lui, il vous fait gagner du temps car vous êtes la bonne personne pour quelqu’un d’autre, en amour, au travail ou en amitié.
Vous existez à partir du moment où vous décidez de vous reconnaître : n’attendez pas des autres, ce que vous pouvez faire vous-même!